Denis D’Arcangelo, qui a imposé le personnage mythique
de « Madame Raymonde », incarne avec maestria celui
de Mylène Janvier (de son vrai nom Josette Puchaud), ombre
de Stella Marco, la grande vedette qu’elle hait pour l’avoir trop aimée.
Enfermé dans sa solitude par la mise en scène épurée
de Thierry Harcourt, Denis D’Arcangelo ressuscite cette espèce
de comédiens qui n’existe plus, jouant du cœur et des tripes, ceux
que Jean Cocteau appelait les « monstres sacrés ».
Il change de sexe comme on change de costume, mais la
métamorphose est intérieure, profonde, sans la moindre afféterie.
Il pousse au paroxysme la confession de son héroïne, gouailleuse
et tragique, sans jamais la travestir.
Ne faisant qu’une avec elle, il l’incarne avec une vérité déchirante,
donnant à la fois vie à deux personnages qu’elle oppose et fait revivre.
Du grand art.
Pierre Barillet
Texte de Pierre Barillet (© L’Œil du Prince 2015)